Un Autre Regard

Symbolique de la carte du Diable :

si tu as lu les autres articles, tu n'en n'attendais pas moins  :

le Diable louche et tire la langue !

 

Non, ne soupire pas !

Je ne le répéterai jamais assez.

Le Diable louche et tire la langue.

Encore une fois, tiens !

 

La symbolique de ceci n’a de sens

que si on se plonge dans le contexte

de l’Occident médiéval.

 

 

Tirer la langue est symboliquement  

fort, au Moyen-Age.

Considéré comme une injure et / ou

un blasphème, selon le destinataire

du geste.

Passible d’emprisonnement

si jeté à l’encontre d’une autorité.

Ce geste n’est donc pas anodin.

Le fait que les Imagiers nous l’ait dessiné en 15/Diable n’est bien évidemment pas le fruit du hasard, non plus.

 

« Tout mouvement de la bouche est, dans l’iconographie médiévale, signe d’un désordre, et plus que d’autres, le fait de tirer la langue. (…) Les diables font ce geste, en particulier lorsqu’ils se moquent de leur victime. (…)

D’une façon plus générale, c’est le comportement des gens méchants qui traitent avec dérision les choses sacrées, les saints et Dieu lui-même. »[1]

 

Le Diable est donc en désordre avec lui-même.

15/Diable ne dit rien d’autre dans un tirage.

Et certainement à tous ceux qui veulent le décoder positivement. Na ! au cas où je ne l’aurais pas encore dit.

 

Le Diable se moque de celui qui le regarde.

15/Diable n’affiche rien d’autre dans un tirage.

 

Tirer la langue est le propre des gens méchants.

Personnellement, j’ose le terme manipulateur dans un tirage, car j’ajoute la présence des liens, de la division des diablotins, ainsi que l’enchaînement/enracinement des petits personnages.

 

Mais à niveau 3 …

15/Diable tire-t-il la langue pour voiler le nom de Dieu, la carte qui suit ?

Dans une certaine tradition religieuse, on ne peut prononcer le nom de Dieu. Peut-être que le diable, qui en garde l’accès, ne veut prononcer le nom de celui qu’il protège ? Les kabbalistes apprécieront.

 

Est-ce tout simplement pour nous signaler qu’arrivé à ce stade de développement, nous nous heurterons davantage encore au langage des oiseaux ?

Tirer la langue, c’est la mettre en évidence.

Symboliquement comprendre ce qu’on fait avec une langue lèvera le voile. Quoique.

 

« Symboliquement, la langue des oiseaux est un langage secret permettant de protéger du voile d’Isis la connaissance des mystères. »[2]

 

L’oiseau est dessiné tel quel en 17/Etoile.

15/Diable tire la langue.

15 et 17 mettent donc la langue secrète

en évidence, telle une parenthèse ouvrante

et fermante. Avec, au cœur, le message essentiel,

la quintessence subliminale du tarot : 16/Maison Dieu.

Tiens, on a déjà parlé de quintessence subliminale

avec 11/Force.

11/Force-Marie-Madeleine et 16/Maison-Jésus.

Aaargh !

 

 

Tant qu’on y est, un petit regard sur l’expression

tirer la langue, dans le langage courant actuel :

 

« Tirer la langue, la sortir, soit par réflexe

(notamment, en ayant l'esprit absorbé),

soit par un geste qui (dans nos cultures)

manifeste l'agression, la dérision. »[3]

 

 

 

 

Et si ?

Et si 15/Diable était tout à sa réflexion profonde, plutôt que dans une grimace agressive ?

 

Le diable louche
 

Intéressons-nous maintenant aux les emplois du verbe loucher dans notre langue courante.

 

• Faire loucher quelqu’un, c’est provoquer sa curiosité, son envie, son dépit.

• Elle est arrivée dans une superbe voiture, ça a fait loucher tout le quartier.

• Loucher sur quelqu’un, c’est jeter des regards pleins de désir, de convoitise sur quelqu’un.

• Loucher sur une jolie fille.

• Loucher sur, vers quelque chose, c’est convoiter à la dérobée, hypocritement.

• Loucher sur la mousse au chocolat de mon voisin.[4]

 

Je t’invite à songer à ces expressions lorsque 15/Diable apparaîtra dans un tirage. Et si la carte qui suivait répondait à une de ces expressions ?

Et cette fois, je tire pas la langue en évoquant ces expressions. Quoi que avec la mousse …

 

 

 

Loucher, dans la symbolique du corps,

ce n’est pas un cadeau.

 « Angoisse, sentiment d’insécurité, structure labile,

sol instable sous tes pieds. Dans un état d’angoisse

et d’incertitude, de chagrin et d’ignorance,

tu te cramponnes à tes parents, à une personne,

à un groupe, à un système ou à une foi :

tu ne reconnais pas l’Autorité en toi.

Ainsi, tu dévies de ta propre direction. »[5]

 

Merveilleuse Christiane Beerlandt !

Son ouvrage est un puits de résonnances.

Je t’invite vraiment à le découvrir.

 

 

Et à nouveau : je t’invite à songer à cette explication au fait de loucher, lorsque 15/Diable apparaîtra dans un tirage.

Loucher n’est plus uniquement ne pas voir clair ou voir trouble, mais se connote bien plus précisément en lien (des diablotins) avec « quelque chose » qu’on ne veut pas lâcher.

 

Pour revenir à C.Beerlandt, lis ce qu’elle conseille de faire à celui qui louche. Et pense très fort à 15,5.

Mets de choix pour gourmet gourmand.

 

« Ne te ferme pas à ce qui sourd spontanément en toi, à ton agressivité, à tes émotions : laisse-les se manifester, ne les considère pas comme menaçantes. »

 

Dédicacé à tous ceux qui pensent guérir de leurs maux par le mental.

Le diable tire la langue.

 

 

[1] LA Bible incontournable pour celui qui cherche à pénétrer la symbolique médiévale : F.Garnier, le langage de l’image au Moyen-Age (2 tomes), ed. Léopard d’Or, p.136

[2] J.Bonvin, dictionnaire énergétique et symbolique de l’art roman, ed. Mosaïque, p.252

[3] Le Grand Robert de la langue française

[4] source inspiratrice (et je ne parle pas que de la mousse) : Le Grand Robert de la langue française

[5] C.Beerlandt, Clés vers l’autolibération