Un Autre Regard

De la symbolique au supplice médiéval ... tout un programme !

 

D'abord un hors-d'oeuvre, de quoi te mettre en appétit ... si tu parviens toutefois à digérer ce plat de méditation.

Grand sourire sur mon visage ravi. Je ne resterai pas sur ma faim en te voyant méditer là-dessus.

1221 et 2112 : une question de 2

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

« Abandonne ce que tu crois connaître et tourne-toi vers ton mystère. »[1]

 

 

 

 

Du triangle et du carré 

 

J’ai déjà évoqué l’importance d’être capable de voir au-delà des apparences.

Les Imagiers et les sculpteurs nous présentent leurs messages subliminaux, de façon déguisée, cachée … invisible.

Observons donc 12/Pendu, sous l’angle de l’invisible.

Hein ? Qu’est-ce qu’il dit, le Beck ?

Nous retrouvons dans cette carte une symbolique déjà évoquée en 7/Chariot : celle des formes géométriques invisibles … mais pourtant bien présentes.

La matière, c’est le carré.

Elle est logiquement et symboliquement placée dans le bas.

Mais le bas de la carte ou le bas du personnage ?

L’esprit, le spirituel, c’est le triangle.

Logiquement et symboliquement placé dans le haut.

Mais le haut de la carte ou le haut du personnage ?

Ce qui est certain, c’est que le tout forme une pierre à pointe.

Mais vers le haut ou vers le bas ?

Indice de taille.

De pierre (pff, facile !).

 

C’est ici qu’il est intéressant de se souvenir

de la symbolique romane du retournement.[1]

Retournement, moment important dans le processus initiatique.

En lien avec la symbolique énergétique d’une église,

il représente l’instant où on est capable de ressentir

les vibrations du lieu parce qu’on accompli le chemin

initiatique vitale à l’ouverture du lieu.

Ramené à soi, et par analogie, je dirais que le retournement

est l’instant où son écoute intérieure éveillée- je te rappelle ici

que le Pendu est le seul humain du tarot dont on voit une oreille[2],

enfouie dans le sol, écoute intérieure - on capte enfin les choses,

on comprend et se comprend.

 

 

Le Pendu serait-il en train d’accomplir son acte de retournement ?

 

 

 

 

 

 

 

 

L’alchimie du Pendu

 

Poursuivons avec l’analyse des formes géométriques invisibles

mais présentes. Alchimiques, cette fois.

Le soufre (âme), pour le faire vulgaire, c’est un triangle

sur une croix.

L’Accomplissement du Grand Œuvre, c’est l’inverse :

une croix sur un triangle.

12/Pendu aurait-il accompli le Grand Œuvre ?

 

 « L’opposition ainsi mise en lumière (avec 4/Empereur)

est celle du Feu et de l’Eau, du Feu intérieur ou « infernal »

au sens littéral du mot, et de l’Eau sublimée ou céleste. »[3]

 

Là, j’avoue me perdre en conjonctures. De quoi ruminer un peu.

 

 

 

 « L’entrée en soi conduit à la réalisation du Grand Œuvre par la voie sèche du Dorisme (symbole du triangle sur sa base, 4/Empereur), alors que la sortie de soi y achemine par la voie humide de l’Ionisme (symbole du triangle sur la pointe, 12/Pendu). »[4]

 

Ah, voilà qui est plus éclairant !

Alchimie et tarot ont beau être reliés par bien des aspects, je t’avoue que l’alchimie spéculative me semble bien plus complexe et abstraite que le tarot.  Sans doute le tout est-il d’oser se plonger une fois pour toute dans le bain mercuriel, pour pouvoir en tirer la quintessence … Et là, c’est comme avec le tarot : un soufre sans fond, heu pardon, un gouffre sans fond.

 

 

 

 

12/Pendu, allusion aux pendus,

suppliciés, médiévaux ?

 

 

Juifs et usuriers n’avaient pas la cote

au Moyen-Age. Et qui veut noyer son chien

l’accuse de la rage. Certains tarots

nous rappellent cette triste réalité.

Et même si on peut lire une allusion

à l’avarice dont il est bon de se défaire

(surtout si on y est pendu), il n’en demeure

pas moins que ces deux Pendus

évoquent aussi le supplice bien réel.

 

 

 

 

 

 

[1] Voir art roman et tarot, p. 594 ss.

[2] Voir tarot divinatoire, p.568

[3] O.Wirth, Le tarot des Imagiers du Moyen-Age, ed. Tchou, p. 182

[4] O.Wirth, Le tarot des Imagiers du Moyen-Age, ed. Tchou, p. 182

[1] Skalî, trad. souffi, cité in S.Perenne, L’obscure Lumière des sages, ed. l’Originel, p. 78