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Un Autre Regard

La carte du Monde du tarot : aspect symbolique,

par Vincent Beckers

 

Symbolique de la carte du tarot Force, par Vincent Beckers, extrait du tarot symbolique, tome 2, volume 2

 

 

La symbolique du Monde dans le tarot, c'est avant tout le Tétramorphe

 

Avec lui, nous nous heurtons à un archétype. Mais non à un mot français. Ne cherche pas dans le Larousse ou Le Robert, tu n’y trouveras pas de définition de ce terme.

Par contre, les livres et sites ésotériques regorgent de description plus fantaisistes les unes que les autres de ce monument de l’iconographie, comme aurait dit A. Court de Guébelin.

Allons puiser l’eau à la meilleure source qu’il soit : l’abbaye de la Pierre-Qui-Vire.[1]

 

« La première représentation connue du Tétramorphe chrétien est, à notre connaissance, celle de deux plats d’un évangéliaire daté de 420 et conservé à la cathédrale de Milan. »

 

Cinquième siècle pour un Tétramorphe chrétien. Cela sous-entend qu’il en existait avant, sous d’autres formes.

 

En Égypte, par exemple, ils étaient les « quatre gardiens du créateur », représentés dans plusieurs temples, dont celui d'Edfou. Voici ce qu'en dit Nadine Guilhou, égyptologue à l'université de Montpellier :

 « De son côté, pressentant lui aussi des combats, le créateur résolut de créer à partir de lui-même quatre gardiens. L'un avait les apparences d'un rapace. Le visage encadré d'ailes, il portait un harpon. On le nomma Seigneur du harpon. Le deuxième était un lion puissant ; il portait un couteau. C'était le Seigneur du couteau. Le troisième, un serpent, brandissait un poignard. On le dénomma « celui dont la terreur est grande ». Le quatrième, enfin, portait aussi un couteau, c'était un taureau et son nom fut : celui dont le rugissement est puissant. Ces quatre gardiens se subdivisèrent en quatre compagnies, les lions au nord, les serpents à l'est, les faucons au sud, les taureaux à l'ouest. Munis de leurs armes, ces génies gardiens constituaient à Edfou, le rempart vivant du créateur. Ils se figèrent autour de lui, constituant la mer d'enceinte de son temple. Et c'est ainsi que fut créée la demeure de Rê, semblable à l'horizon du ciel, immense, où il pouvait séjourner pendant des millions de millions d'années. »[2]

 

Nous retrouvons déjà ce qui constituera la symbolique du Tétramorphe chrétien dans cette représentation égyptienne. Une fois de plus et si besoin en est encore, tu te conscientises au fait que le religion chrétienne n’a fait que reprendre et mettre au goût du jour, ce qui existait déjà, avant.

A la fois pour avoir plus de facilité à imposer ses vues, mais aussi parce que, touchant à des archétypes inconscients, ces éléments parlaient aux gens / croyants.

Jung s’était-il déjà incarné ? Sourire.

 

« Quand la jeune église chrétienne se forma, pour son langage mystérieux, une première série de figures emblématiques, elle en emprunta plusieurs, aux religions antérieures à sa propre existence et leur conserva presque toujours une les appliquant à ses dogmes, les sens allégoriques qu’ils avaient depuis leur création. Elle n’en modifia pas non plus les formes acceptées et souvent conventionnelles. »[3]

 

Tel est bien le cas du Tétramorphe.
Maintenant, la vision d’Ezéchiel s’adresse bien au peuple hébreu, accomplissant son exode à travers le désert.

Et la présentation du Tétramorphe y prend une autre valeur, symboliquement forte également.

 

Yahvé donne ses ordres à Moïse quant à la configuration des tentes du camp autour de la Tente de Réunion (qui sert de Temple mobile).

 

« Autour de la Tente, selon un dispositif en carré, les douze tribus d’Israël, groupées en quatre camps de trois tribus. » (…) Les douze tribus d’Israël ont été souvent mises en rapport avec les douze signes du zodiaque que parcourt le soleil en une année. Le camp hébreu est un cosmos sacralisé. La disposition fondamentale des douze tribus groupées en carré, trois par trois, à chaque orient, survivra dans le temple idéal imaginée par Ezéchiel, puis enfin dans la Jérusalem céleste  décrite par Saint Jean dans l’Apocalypse : c’est elle qui apparait en filigrane, sous la forme des Quatre Vivants qui entourent le trône de l’Eternel, dans la grande vision inaugurale du chapitre 4. (…) Les tribus se groupaient par trois sous un même emblème. Il y avait ainsi quatre emblèmes qui étaient précisément ceux du Tétramorphe : Issachar, Zabulon, Juda : lion ; Ruben, Siméon, Gad : homme ; Ephraïm, Manassé, Benjamin : taureau ; Dan, Aser, Nephtali : aigle. La tradition juive fait correspondre à chacun des êtres les quatre lettres du nom divin YHVH : Y correspond à l’homme, H au lion, V au taureau, et le deuxième H à l’aigle. »[4]

 

Le décodage de tout ceci nous amène à des notions telles que le peuple élu et l’universalité juive.

Mais aussi au zodiaque. J’y reviendrai.

Enfin, le peuple de Dieu entourant son Dieu. Féminisé dans le tarot. Encore une religion aux yeux de laquelle le tarot doit décidément paraître bien hérétique !

 

 « Dans la série des êtres vivants dont le Symbolisme chrétien s’est emparé, dès sa naissance, pour former la couronne mystérieuse du Christ, on trouve (…) ceux que le prophète hébreux Ezéchiel, à la fin du 7ème siècle avant notre ère, et l’évangéliste Jean, dans les premières années de l’Eglise, ont vue s’agiter en des visions dont ils nous ont laissé d’extraordinaires et troublants récits : Ezéchiel les nomme en cet ordre : l’Homme, le Lion, le Taureau et l’Aigle, saint Jean les range ainsi : le Lion, le Taureau, l’Homme et l’Aigle. Ils constituent ce que l’art sacré a nommé le Tétramorphe, ce qui veut dire « les Quatre Formes ».[5]

 

Que nous propose 21/Monde : la vision d’Ezéchiel ou celle de Saint Jean ?

Symbole anti-sida avant la lettre ou mouvement anti-horlogique ?

On lit une carte de tarot, comme un livre, nous dit 2/Papesse. De haut en bas et de gauche à droite.

Soit : ange - aigle - bœuf - lion. Zut ! Aucune des deux versions ne correspond.

L’ordre des évangiles, peut-être ? Matthieu, Marc, Luc et Jean.

Là, ça tient la route. La vision d’Ezéchiel serait celle reprise à la fois par le tarot et le Tétramorphe.

Qu’est-ce qui me permet de dire cela ? Le lien entre les évangélistes et les animaux. C’est du chinois pour toi ?

Jouons donc à l’Hermite et éclairons ta lanterne.

Le lion, le taureau, l'aigle, et l'homme-ange, connus comme les symboles des quatre évangélistes, sont aussi désignés par le terme de Tétramorphe.

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

L'homme représente l'Incarnation. Il est attribué à Matthieu qui entame son évangile par l'énumération de la généalogie humaine du Christ. C’est le premier des évangiles. Comme pour d’abord « cadrer » Jésus dans sa spatio-temporalité originelle.

 

Livre des origines de Jésus Christ, fils de David, fils d'Abraham : Abraham engendra Isaac, Isaac engendra Jacob, Jacob engendra Juda et ses frères, Juda engendra Pharès et Zara, de Thamar, Pharès engendra Esrôm, Esrôm engendra Aram,(…)[6]

 

A l’image du Pèlerin qui a effectué un travail sur lui tout au long de son cheminement et qui a dû s’interroger sur lui, son histoire, celle de sa famille et celle de son clan. Impossible d’accomplir une démarche en développement personnel sans s’être confronté à ses racines.

 

Le lion, qui est censé dormir les yeux ouverts, représente la résurrection. Il est attribué à Marc qui commence son évangile en parlant d'un cri dans le désert.

 

Commencement de l'Évangile de Jésus Christ Fils de Dieu :

Ainsi qu'il est écrit dans le livre du prophète Ésaïe, Voici, j'envoie mon messager en avant de toi, Pour préparer ton chemin. Une voix crie dans le désert : Préparez le chemin du Seigneur, Rendez droits ses sentiers.[7]

 

Une fois le cadre (12/Pendu) familial trouvé, assimilé et remis à sa juste place, il est temps pour le Cheminant de trouver et prendre sa place, à lui. C’est la question du métier, de la vocation éventuelle. La lancinante question du « A quoi tu sers ? » que je vous sers si souvent dans les séminaires de développement personnel.

 

Le taureau, symbole du sacrifice, représente la Passion. Il est attribué à Luc qui commence par relater le sacrifice de Zacharie.

 Puisque beaucoup ont entrepris de composer un récit des événements accomplis parmi nous,d'après ce que nous ont transmis ceux qui furent dès le début témoins oculaires et qui sont devenus serviteurs de la parole, il m'a paru bon, à moi aussi, après m'être soigneusement informé de tout à partir des origines, d'en écrire pour toi un récit ordonné, très honorable Théophile, afin que tu puisses constater la solidité des enseignements que tu as reçus.

Il y avait au temps d'Hérode, roi de Judée, un prêtre nommé Zacharie, de la classe d'Abia ; sa femme appartenait à la descendance d'Aaron et s'appelait Élisabeth. Tous deux étaient justes devant Dieu et ils suivaient tous les commandements et observances du Seigneur d'une manière irréprochable.[8]

 

Le mélange des deux premières réflexions culmine ici. On s’inscrit dans une histoire qui transgénérationnellement transmet des valeurs, des croyances et des « obligations » familiales. Et dans le même temps, on veut / doit / peut faire son chemin, à soi. Quitte à se sacrifier aux yeux du clan, quitte à sortir des ornières imposées par celui-ci, quitte à s’en remettre à plus Haut pour qu’Il nous accompagne et guide sur ce chemin de traverse que nous nous apprêtons à emprunter.

 

L'aigle, représente l'Ascension. Le combat de l'aigle et du serpent symbolise ainsi la lutte du Christ contre les forces du mal. Emblème du dieu, l'aigle est également symbole du fidèle. Il est attribué à Jean, qui évoque immédiatement le ciel et la divinité.

 

Au commencement était le Verbe, et le Verbe était tourné vers Dieu, et le Verbe était Dieu.

Il était au commencement tourné vers Dieu.

Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui.

En lui était la vie et la vie était la lumière des hommes, et la lumière brille dans les ténèbres, et les ténèbres ne l'ont point comprise.

Il y eut un homme, envoyé de Dieu : son nom était Jean.[9]

 

La question de la foi, de la reliance, de EPLH se pose alors. « Tout fut par lui, et rien de ce qui fut, ne fut sans lui. » nous dit Saint Jean. Et dans ce tout, il y a toi, il y a moi, il y a nous. Quelle place lui accordons-nous dans notre parcours ?

Celle de celui à qui s’on adresse quand tout va mal, le priant de bien vouloir se pencher sur notre sort, tout en la maudissant de nous avoir placé dans la mouise ?
de celui qui veille à chaque instant à nous guider à poser l’acte juste, que nous consultons pour notre guidance dans le quotidien ?
Celle de l’éternel absent, qui de toute façon ne sert qu’aux grenouilles de bénitier car l’Homme est de toute façon le plus libre arbitre de ses choix ?
Tout autre place qu’il te semble bon de lui accorder …
 

Les 4 Vivants de 21/Monde résonnent tels une sorte de synthèse du chemin que nous venons d’accomplir. Point final du parcours, les yeux perdus vers l’Océan face auquel nous nous trouvons, à Fisterra. Là-bas, tout au bout des terres, là où le monde s’achève.

« At the end of all things » dit Frodon, dans Le Retour du roi, perdu sur son rocher entouré de la lave du volcan qui s’écoule et brûle tout autour de lui.

Là où chrétien, croyant, agnostique ne se posent plus de question.

Mis à part celle de se savoir en être là, ici, maintenant.

A noter que la présentation des Quatre Vivants autour du personnage

dans la mandorle sont quasi toujours dessinés dans l’ordre évoqué ci-dessus.

Seuls quelques rares tarots inversent l’un ou l’autre élément.

Comme c’est le cas dans le tarot de Viéville ci-à-côté.

En l’espèce, ce tarot est connu pour l’inversion de la majorité

des personnages (Mât, 11/Force et 13/Arcane Sans Nom avançant vers la gauche,

15/Diable marchant vers le passé mais 9/Hermite se dirigeant vers le futur ;

ou encore 19/Soleil présenté sur un cheval galopant vers le passé, …).

J’en conclus que pour une fois le canon du tarot correspond à celui des Ecritures.
Avec quelques apocryphes. Sourire.

 

 

 

 

1] Le monde des Symboles, ed. du Zodiaque, abbaye de la Pierre-Qui-Vire

[2] cité in Eléments de mythologie égyptienne

[3] L.Charbonneau-Lassay, le bestiaire du Christ, A.Michel, p. 26

[4] Le monde des Symboles, ed. du Zodiaque, abbaye de la Pierre-Qui-Vire, p.429

[5] L.Charbonneau-Lassay, le bestiaire du Christ, A.Michel, p. 35

[6] Matthieu, 1, 1-3 (Tob)

[7] Marc, 1, 1-3 (Tob)

[8] Luc, 1, 1-6 (Tob)

[9] Jean, 1, 1-6 (Tob)

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Cette page est un extrait

du tarot symbolique.

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