L'école de tarot de Vincent Beckers
Vincent Beckers vous fait découvrir le tarot sous ses aspects symboliques et psychologiques, afin de vous aider à mieux vous connaître et vous comprendre, au travers de ce merveilleux outil de développement personnel que sont les cartes du tarot de Marseille.
Faux, épée ou flèche ? La symbolique des armes dans le tarot est aussi riche que plurielle !
Cet article est un extrait du chapitre consacré à la symbolique des armes dans le tarot, in Le tarot symbolique.
La flèche
Tout d’abord et avant tout, la flèche présente en 6/Amoureux n’est pas celle d’un Cupidon en train de prédire à madame Duchmol que le Jhonny Nouveau arrivera avec le train de huit heures, voie quatre.
« La flèche, comme l’échelle, est symbole des échanges entre le ciel et la terre.
En son sens descendant, elle est un attribut de la puissance divine ; ascendant, elle se rattache aux symboles de la verticalité : rectitude, affranchissement des conditions terrestres. »[1]
Les Imagiers du Tarot connaissaient-ils le travail de J.Chevalier et A.Gheerbrant ? Je rigooole.
Mais que la signification globale de 6/Amoureux se voit confortée avec cette lecture symbolique de la flèche. Nous avons bien affaire à une flèche descendante. En 6/Amoureux, le divin s’offre à nous. Il veut bien nous aider à effectuer le choix évoqué par la carte du tarot.
Mais nous ne sommes absolument pas réceptifs à son message : les humains de la carte ne lèvent pas les yeux. Ils ne sont pas prêts, ne veulent, ne peuvent, ne savent pas tenir compte des messages de Là-Haut. Tout imprégnés qu’ils sont par le niveau 1.
Et si besoin de preuve par neuf il y a, la description de la symbolique de la flèche ascendante vient nous conforter dans l’idée que les conditions terrestres sont bien notre seule et unique préoccupation dans cette carte : la flèche n’est pas prête de monter.
« La flèche sagitta, est de même racine que le verbe sagire, qui signifie percevoir rapidement. Ainsi est-elle le symbole du savoir rapide ».[2]
Décidément, le décodage symbolique de la flèche nous fait percevoir 6/Amoureux sous un angle des plus pessimistes, n’est-il pas ?
Car nous sommes bien d’accord : la flèche est loin d’être décochée dans la carte du tarot de Marseille.
Selon le jeu de tarot que tu emploies, soit elle est en lien avec un arc totalement débandé, soit avec un arc dont la corde est inexistante. Pas prête de nous atteindre, la flèche !
Pas prêt de percevoir rapidement les choses, l’amoureux ; pas mûr pour avoir accès au savoir.
Ah, les jeux de l’amour et du hasard… sont-ils occultants à ce point ?
A moins qu’il ne s’agisse d’une perception tellement occulte des choses et des gens qu’on ne puisse les pénétrer à coups de flèches ?
Oups. Je m’arrête car le terrain devient ambigu.
Quoique. Non : c’est si bon le double niveau !
Je t’en rajoute une couche pour le même prix avec l’illustration ci-à-côté. Amusant, non, cette lecture verticale du tarot ?
Arheu, arheu, qu’on peut se dire en parcourant la sixième colonne du mandala vue sous cet angle.
Mmouai. Sauf qu’entre 6/Amoureux et 20/Jugement, il y a 13/Arcane Sans Nom.
Là, je m’arrête vraiment. Car si le terrain demeure ambigu, il en devient cette fois douloureux en plus.
« Des maux comme la peste ont souvent été personnifiés par un ange vengeur qui tirait des flèches ».[3]
A moins de voir un double Œdipe, béni Roi en 5/Pape et triomphant prince en 7/Chariot, regardant sa bonne ville de Thèbes ravagée par le fléau de la peste, je ne fais pas le lien entre cet aspect symbolique de la flèche et 6/Amoureux.
N’empêche que la première partie de la phrase mérite le détour au Michelin.
Grand sourire épanoui sur mon visage ravi.
« La flèche participe au ternaire : arc - flèche - cible qui constitue l’équivalent symbolique de l’autre ternaire : source-moyen-but. Elle est donc l’élément dynamique, le lien actif et vivant, unissant l’un à l’autre. »[4]
L’arc, la source.
Bien présent en 6/Amoureux, il nous invite à choisir la voie de l’élévation, de l’évolution ; à choisir de vivre notre vie et non celle de nos aïeux (femme de droite vs. femme de gauche).
La flèche, le moyen.
Présente aussi dans la carte, elle est déjà dirigée dans la bonne direction. Jusque ici, la vie est belle.
La cible, le but. Oups ! Si la flèche pointe bien vers la droite, le futur, le juste choix, elle semble tout de même furieusement se diriger entre les personnages. Comme pour nous dire qu’il ne faut pas nous lier à quelqu’une et que c’est bel et bien à un chemin d’individuation qu’il nous faut œuvrer ? Why not ?
Mais c’est surtout le fait que l’arc ne soit pas bandé qui inquiète.
Car si le ternaire source-moyen-but est bien défini, la corde, elle, n’est ni tendue, ni même présente, on en a déjà parlé.
Comment atteindre un but si le moyen mis à notre disposition par la source ne peut fonctionner ?
Amusant de constater que C.Morel n’évoque pas ce « support logistique », non ?
Mais j’aimerais pousser plus loin le jeu du ternaire.
L’arc, la source. Présent en 6/Amoureux.
La flèche, le moyen. Flèche qui pourrait trancher la corde de 12/Pendu.
La cible, le but. Carte 18/Lune, la mère. Mère que l’on doit apprendre à quitter en 6/Amoureux ; mère avec qui il nous faut couper le cordon en 12/Pendu, pour nous en affranchir en 18/Lune, via le passage d’une tour à l’autre.
Le jeu du ternaire s’accommode assez bien de cette suite mathématique : 6-12-18. Et si on rajoute le 3/Impératrice (archétype de la mère biologique et 21/Monde, archétype de l’être accompli) … c’est carrément toute la table de multiplication par trois qui est présente dans le tarot et nous évoque ce chemin d’émancipation, de libération … d’individuation.
[1] J.Chevalier-A.Gheerbrandt, Dictionnaire des symboles, ed. R.Laffont, p.445
[2] J.Chevalier-A.Gheerbrandt, Dictionnaire des symboles, ed. R.Laffont, p.445
[3] M.Cazenave, Encyclopédie des symboles, ed. Poche, p.263
[4] C.Morel, Dictionnaire des symboles, mythes et croyances, ed. L’Archipel, p.401